
Pourquoi s’intéresser au Lusona ?
Les dessins géométriques Sona (ou Lusona au singulier) sont une porte d’entrée fascinante vers la pensée, la mémoire et la créativité de l’Afrique subsaharienne.
Certains ont une valeur symbolique et narrative, d’autres sont purement esthétiques — et c’est parfaitement légitime.
Mais posons-nous une question :
En tant qu’Afrodescendants, combien d’entre nous se sont déjà tatoués avec des symboles venus d’autres cultures, sans même en interroger le sens ?
Le Lusona, c’est 100 % africain.
Que vous soyez du Nord, du Sud, de l’Est ou de l’Ouest, il vous appartient.
C’est votre panthéon graphique, une forme d’art ancestrale et savante, transmise oralement et visuellement depuis des siècles.
Valorisons nos héritages
Cette industrie du tatouage et du design invisibilise encore trop souvent les savoirs africains.
Alors crions-le haut et fort :
Le Lusona, c’est de l’art, du savoir et de la mémoire africaine.
Réutilisez ces ressources visuelles dans vos créations :
- tatouage
- peinture
- design
- graphisme
Et surtout, indiquez toujours leur origine. Soyez-en fiers
Origine et signification
La tradition idéographique Sona (sing. Lusona) a été préservée par les peuples de l’est de l’Angola, du nord-ouest de la Zambie et des zones frontalières du Congo, en particulier par les Chokwe et les Luchazi. Ces symboles transmettent des connaissances et sont liés à des proverbes, fables, jeux, énigmes et représentations animales. Les pétroglyphes de Ntuta (Angola) en témoignent encore aujourd’hui.

Selon l’ethnologue Gerhard Kubik, cette tradition est ancienne et précoloniale.
Des dessins similaires ont été observés chez des peuples séparés depuis des générations, preuve de leur ancienneté et universalité africaine. Les premiers pétroglyphes du haut Zambèze et de Citundu-Hulu (désert de Moçâmedes) montrent des structures identiques à celles des Lusona.
Certains, comme le Cingelyengelye ou le Zinkhata (fait de boucles entrelacées), datent de plus de deux millénaires avant notre ère.
Transmission et pratique
Les Sona sont traditionnellement dessinés par les hommes.
Les jeunes garçons les apprennent dans le cadre de leur rituel d’initiation, où ils doivent raconter une histoire tout en traçant les motifs dans le sable.
Les maîtres du dessin sont appelés “Akwa kuta Sona”. Parmi les représentations les plus connues figure « Le chemin de Dieu » :
Dieu – Soleil – Lune – Homme
Zambi – Mwalwa – Kakweji – Lunga
Le chemin de dieu

Sources :
- Desenhos na areia dos quiocos do nordeste de Angola — Mário Fontinha
- Viver a matemática, desenhos de Angola — Paulus Gerdes
Ressources visuelles
Les dessins présentés ci-dessous ont été réalisés par le peuple Chokwe.
Leur traduction et signification sont fidèlement retranscrites lorsque disponibles. Certains motifs sont purement esthétiques — ce qui fait aussi partie intégrante de leur beauté et de leur liberté.


